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C’est l’histoire d’un immeuble aux humanités chahutées, comme il en existe à coup sûr dans la vraie vie. Il y a d’abord celle que tout le monde surnomme «Tata Paulette», nounou improbable fumant clope sur clope, toujours flanquée de son tonton en fauteuil roulant et qui s’extasie à voix rauque devant tous ces marmots jusqu’à ce qu’une bêtise la pousse à la gueulante.
Le Duff, aussi brillant que son physique est ingrat, promène son hypothétique chien en laisse pendant que Lefebvre ponctue d’un hochement de tête des conversations de tout et de petits riens. Le petit Loudès tague et fourgue beu ou écrans plats en tchatchant à toute blinde un verlan semé de «t’sais».
Au rez de chaussée, M. Pastor assaille les employés de la Poste de questions à propos du «boum» qu’il entend chaque matin à 8h30 alors qu’il déjeune avec son fils, tandis qu’au second, Rabelle soigne ses pensées en insultant sa Solange.
Nichée dans son appartement du cinquième, planant à cent mille, Corinne de Castelbajac, insomniaque délirante, fantasme sur Arthur Schopenhauer, rien de moins.
M. Foch tente de convaincre son épouse des vertus du devoir conjugal, prenant régulièrement sur le nez la porte de la chambre. Et puis il y a Mme Huau, à qui on suspecte un cancer.

Les personnages sont bel et bien sortis du cadre. L’immeuble est leur terrain de jeux avec pour point de rencontre les boîtes aux lettres, ultime bastion. Quelques-uns sont persuadés que c’est en parlant fort qu’on est écouté, alors que d’autres traversent la scène à pas feutrés.

Compagnie 11H11
De et avec : Marc Compozieux
Mise en scène : Valérie Cros
Lumières : Nicolas Poumarc’k
Régie : Grangil Marrast
Diffusion : Audrey Charrière (Association l’Écluse)
Photos : Djeyo (Le Clou dans la Planche)